Les équipes IT ont passé des décennies à s’adapter à l’évolution rapide du matériel et des logiciels. Les méthodes agiles, adoptées par les équipes informatiques, ont révolutionné la manière de développer les solutions numériques. Voici comment tirer profit de cette expérience.
La technologie numérique permet de disrupter, à des rythmes jusqu’alors inimaginables, des business modèles commerciaux existant depuis de très longues années et pourtant bien établies. Pour les opérateurs historiques, cela ouvre une période d’incertitudes, aucun secteur n’étant épargné. La plupart des chefs d’entreprise le savent.
La crise sanitaire que nous traversons avec le coronavirus (COVID-19) bouleverse les secteurs des médias, des voyages, des loisirs et de la distribution. Ces transformations semblent quelque peu évidentes avec le recul, mais il était difficile de prévoir à l’avance son accélération.
C’est pourquoi l’agilité, c’est-à-dire la capacité à réagir rapidement aux menaces et aux opportunités, est une capacité de plus en plus critique à mesure que les entreprises cherchent à devenir numériques jusqu’au bout.
Comment les entreprises peuvent-elles devenir plus agiles ? Allez à la rencontre et interrogez votre équipe IT. L’agilité a longtemps été essentielle pour créer rapidement des logiciels utilisables, et les DSI ont développé une série d’approches et d’outils agiles pour répondre aux longs cycles de livraison rigides. Ces approches peuvent être étendues bien au-delà du périmètre informatique et peuvent s’appliquer à l’ensemble des activités d’une entreprise ou organisation :
Augmenter la vitesse de décision
Le monde de l’informatique est passé de méthodes en cascade à des techniques agiles qui impliquent la prise de décision rapide. De petites équipes interfonctionnelles travaillent côte à côte, se tenant au courant chaque jour des progrès réalisés et de la résolution des problèmes. Les équipes travaillent pour produire un produit ou une fonctionnalité et le testent avec les utilisateurs finaux toutes les une à deux semaines. Dans certains cas, les utilisateurs finaux participent au processus.
Cette approche peut être appliquée plus largement dans une entreprise, avec de petites équipes se réunissant fréquemment et des personnes des fonctions concernées travaillant activement ensemble avec une plus grande autonomie pour prendre des décisions rapidement (on abandonne les comités de pilotage mensuels). Travailler à ce rythme signifie se concentrer sur un nombre réduit d’objectifs en mettant en place des contrôles bien définis pour limiter les risques.
Un acteur de la Grande Distribution française a repensé son processus de campagne de marketing afin de réduire le délai entre l’émergence d’une idée et son lancement de six semaines à trois semaines. Elle a utilisé une simple note stratégique d’une page pour s’assurer que les responsables marketing étaient clairs sur leurs objectifs dès le départ, réduisant ainsi la tentation de développer des étapes stratégiques trop longues.
Démocratiser et exploiter les données
La qualité des systèmes informatiques dépend de la qualité des données avec lesquelles ils fonctionnent. Les meilleures architectures informatiques créent des normes strictes pour les données qui reposent sur une source unique (éviter ou éliminer la duplicité des données).
Les organisations peuvent appliquer ces principes de manière plus large. Par exemple, une source unique pour les données de gestion distribuée dans toute l’entreprise en temps réel, permet de prendre des décisions plus rapidement.
Concevoir des biens ou services pour les réutiliser
Les systèmes informatiques réutilisables sont essentiels pour l’efficacité et se caractérisent par leur modularité (modules de code fonctionnant indépendamment) et leur interopérabilité (modules interagissant de manière transparente à l’aide de protocoles standard).
Très tôt, les entreprises fournissant des “biens durables” ont adopté la standardisation et la réutilisation de pièces. Par exemple, des moteurs réutilisables pouvant être installés dans plusieurs véhicules. A contrario, les entreprises ont été plus lentes à appliquer la réutilisation aux “biens non durables”, comme la création de processus commerciaux pouvant être réutilisés.
Rendre modulaire le processus d’ouverture d’un compte bancaire, par exemple, signifierait créer des modules pour chaque phase du processus. Ces mêmes modules pourraient ensuite être utilisés par différents canaux, par exemple lorsqu’une personne ouvre le compte en agence, sur un appareil mobile ou en ligne.
Minimiser la complexité
La complexité est l’ennemi de l’agilité. Dans le monde informatique, la complexité est réduite en limitant le nombre de variantes (par exemple, en ne répondant pas à tous les cas d’utilisation) et en utilisant des logiciels « middleware » pour connecter les systèmes entre eux via des hubs plutôt que d’exiger que les systèmes se connectent directement entre eux, ainsi qu’en s’appuyant sur des plateformes standard.
Par extension de cette approche informatique en étoile dans un contexte d’entreprise est que moins de personnes participent à la prise de décisions, ce qui permet de faire avancer les choses. La simplification de la chaîne de responsabilité et la délégation de prise de décision à des niveaux plus bas de l’organisation peuvent faire reculer la complexité organisationnelle ponctuelle.
L’agilité peut nécessiter des investissements à court terme, notamment pour améliorer les systèmes d’information de gestion. Pourtant, comme l’a montré l’approche agile de l’informatique, opérer dans le monde actuel de plus en plus incertain exige des entreprises qu’elles pensent et agissent avec beaucoup plus de souplesse.